mercredi 27 janvier 2010

DADA la première revue d’art de A à Z - De Art à Zut c’est déjà fini !


DADA est une revue mensuelle d’initiation à l’art depuis 1991. Certaines d’entre nous ont un vécu personnel avec DADA. Chaque numéro traite d’un artiste, d’un courant artistique ou une thématique à travers un dossier, des ateliers et des actualités. Dada donne une place importante à l’illustration. Selon son directeur éditorial : « La particularité de DADA, c’est que ce n’est pas une revue uniquement pour les enfants. ». Alors partons à la découverte de cette première revue d’art qui s’adresse aux petits et aux plus grands.


Antoine Ullmann, directeur éditorial, nous accompagne et répond à nos questions :




Quelles sont les différentes étapes de la création de la revue Dada ?

Antoine Ullmann :
La revue est centrée autour d’un sujet : que ce soit un artiste, un courant artistique, ou une thématique transversale avec plusieurs artistes et plusieurs époques. On choisit nos sujets en fonction d’une part, de l’actualité des expositions aussi bien à Paris qu’en Province mais pas uniquement. On essaie d’avoir sur l’année une programmation assez équilibrée donc qui couvre un peu toutes les grandes périodes de l’histoire de l’art chaque année.

Ensuite on identifie les auteurs les plus pertinents pour travailler sur le thème qu’on a choisit. On élabore un chemin de fer - un plan avec les différents articles et les contenus des différents articles qui sont ensuite rédigés par les auteurs sélectionnés. Il y a tout un travail iconographique pour pouvoir trouver les œuvres pertinents pour permettre d’illustrer les articles. Et il y a en parallèle un travail d’illustration puisque dans chaque numéro on demande un illustrateur ou un artiste contemporain de nous donner sa vision de l’artiste ou du thème qu’on évoque dans le numéro à travers trois planches, trois, créations, trois dessins originaux que nous ensuite on publie en couverture e chacune des trois rubriques de DADA.

Et ensuite, nos maquettistes mettent tout cela en forme avec un travail de création graphique propre aussi à chaque numéro.
Chaque mois la revue est imprimée à peu près 10 000 exemplaires. Les 2/3 sont des abonnés, le reste est vendu au numéro en librairie, pas en kiosque.




Vous êtes nombreux dans l’équipe ? Comment se divise le travail ?

AU :
Oui et non. En fait on est deux permanents pour coordonner toute la publication et on travaille avec beaucoup, beaucoup de collaborateurs extérieurs mais réguliers : les graphistes sont toujours les mêmes, les auteurs il y en a souvent qui reviennent. voilà l’équipe est large.


Comment vous est venue l’envie de reprendre la revue Dada ?

AU :
En fait j’y travaillais depuis 3-4 ans en tant qu’auteur, Christian avec qui je travaille depuis encore un peu plus longtemps, il y a eu l’occasion de la reprendre. On avait des projets pour cette revue, pour encore l’améliorer. L’envie vient d’une part de l’attachement qu’on y avait en y travaillant depuis longtemps et puis des idées qu’on avait pour la faire encore un petit peu évoluer.


Quelle est votre mission pour DADA ? S’agit-il d’un projet pédagogique précis ?

AU :
Clairement. Le fait est que aujourd’hui il y a beaucoup beaucoup d’ouvrages et d’ateliers dans les musées pour les enfants. Quand Dada a été créée en 1991 il n’y avait quasiment rien.


Vous avez été des précurseurs.

AU :
lors pas nous personnellement mais en tout cas on se situe vraiment dans cet héritage là. Plus particulièrement, vu qu’aujourd’hui il y a beaucoup de choses qui sont proposées en termes éditoriaux aussi. Les spécificités DADA c’est à la fois de replacer l’artiste ou le courant que l’on présente dans son contexte, monter qu’il ne vient pas de nulle part. - donc déjà faire des filiations avec des articles en amont et puis surtout, et là on est vraiment je crois les seuls à le faire en termes éditoriaux pour les jeunes, c’est toujours d’aller voir les échos de l’artiste ou le courant en question dans la création contemporaine, mis vraiment très contemporain.

Il y aura toujours dans DADA au moins un petit article en fin de partie de thématique sur les échos de l’artiste dont on vient de parler du côté des artistes d’aujourd’hui. Il y a vraiment cette volonté de commencer à donner quelques petits repères sur la création contemporaine.



Qu’est ce qui diffère dans la manière de faire un magazine pour les enfants par rapport à un magazine pour d’autres publics, par exemple adulte?

AU :
Ça c’est une des grandes choses sur laquelle on a travaillé depuis qu’on repris DADA il y a 1 an et demi, c’est la qualité des textes. On écrit pas pour les enfants comme on écrit pour les adultes mais pour autant dans DADA on choisit de ne pas écrire non plus sur un ton enfantin voir infantilisant. Toute l’idée était de trouver un équilibre où les textes soient d’une clarté totale sans tutoyer le lecteur, sans forcément employer un vocabulaire trop enfantin. Donc les partis pris de la rédaction sont très forts : ne laisser aucune chose qui demanderait des précisions, qui fasse référence à des choses extérieures non expliquées, on essaie absolument d’inclure une référence à chaque fois. Et puis après c’est un style assez simple mais assez dynamique, assez vivant, assez ludique dans l’écriture.

Et puis au delà de ça c’est vrai qu’il y a un travail graphique particulier vu qu’on travaille avec un illustrateur différent sur chaque numéro. Depuis les grandes illustrations que fait cet illustrateur, on en extrait des petits morceaux, ou alors il nous en fait quelques unes en plus pour qu’on puisse venir animer l’ensemble du numéro et ça on se rend compte que c’est des portes d’entrée supplémentaires pour les jeunes lecteurs. Si on fait dialoguer un petit dessin qui anime globalement le numéro avec une œuvre, on essaie qu’il y ait vraiment des rapports entre ces petites illustrations et les œuvres reproduites, c’est une port d’entrée supplémentaire dans l’œuvre qui ne passe pas tout de suite par le texte et qui permet ensuite d’aller un peu plus loin avec le texte.

Après c’est vrai que la particularité de DADA, c’est que ce n’est pas une revue uniquement pour les enfants. Il y a vraiment des différentes portes d’entrée : on y entre à partir de 6/7 ans avec les pages atelier où on découvre l’artiste du numéro par la pratique. A cet âge là, on n’est pas encore sur une médiation qui passe vraiment sur le discours mais plus par expérimenter soi-même. On travaille nos textes pour qu’ils soient limpides pour un enfant de fin d’école primaire, début collège mais avec ce ton assez vif, assez claire sans être simpliste qui permet à des jeunes adultes, des étudiants en premières années d’école et puis surtout à des enseignants ensuite de s’y retrouver aussi et de sentir que la revue s’adresse aussi à eux. Il y a cet équilibre à trouver, qu’on affine en permanence mais c’est vraiment la particularité de la revue.


Avez-vous des avis ou des retours de la part des enfants qui vous lisent, ou des enseignants ou des parents ?

AU :
Oui. Bon c’est vrai que quand on est dans le monde de l’édition il y a tellement de médiateurs entre un éditeur et un lecteur que il y a peu de rapport direct : entre les commerciaux, les libraires et enfin les lecteurs, quand il n’y a pas une bibliothèque entre temps…

Les moyens que l’on peut avoir pour être en contact sont les salons du livre et puis aujourd’hui il y a Facebook où on a de temps en temps effectivement des retours d’enseignants ou d’enfants qui nous disent qu’ils ont bien aimé ça, de tel numéro plus particulièrement. L’équilibre semble fonctionner vu qu’on a à la fois des remarques d’enfants, sur les salons principalement, et d’enseignants.




Travaillez-vous en collaboration avec des institutions culturelles qui offre des propositions au jeune public ?

AU :
Oui, à deux niveaux en fait. A la fin de la revue, vous avez toujours des sélections d’actualité, donc notamment de 6 expositions ou ateliers qu’on conseille, qu’on trouve a priori adapté au jeune public. Et par ailleurs comme la plupart des numéros, on va dire au moins les 2/3 des numéros sur une année, fait écho à des expos on contacte très en amont les musées et voir quelles synergies sont possibles.

Ça peut aller d’un simple partage iconographique à des collaborations un petit peu plus poussées. Par exemple les ateliers que l’on propose dans DADA peuvent être en totalité ou en partie des ateliers qui sont faits sur place par le service des publics. Ça leur fait un écho à leur travaille au sein de la revue et donc ils touchent un public un peu plus large et puis nous ça nous fait un atelier qui est pleinement en accord avec le numéro.


Quelles évolutions voyez-vous dans les propositions culturelles pour les enfants ?

AU :
C’est vrai qu’il y en de plus en plus et dans tous les sens ! Une chose qui est assez marquante, c’est qu’il y a de plus en plus de choses pour les tout petits et ça passe notamment par le conte. C’est intéressant, parce qu’il existe pour les un peu plus grands– on est quand même beaucoup sur du jeu ou de l’atelier créatif mais il y avait assez peu de travail sur la fiction : inventer une histoire pour ensuite rentrer dans une œuvre. Là avec les tous jeunes, c’est souvent par la fiction que ça passe et c’est assez intéressant de se dire qu’à partir d’une histoire qu’on invente, on va petit à petit permettre l’enfant de pénétrer dans l’univers d’un artiste.


Avez-vous une envie à DADA de vous ouvrir aux tout petits ?

AU :
Notre public est déjà tellement large… déjà là c’est un équilibre à trouver, on ne pourrait pas, en tout cas dans le format actuel de la revue, s’adresser encore à des tout petits. Il y a quand même quelques centaines d’écoles maternelles abonnées, en plus des primaires et des collèges. Les enseignants doivent y trouver leur compte pour ensuite l’utiliser avec les enfants. Ce n’est pas une lecture directe mais les enfants de maternelle y trouvent des idées apparemment.


Une dernière question plus personnelle. Quel est votre parcours professionnel, pour en être arrivé là à diriger DADA?

AU :
Une formation à la fois de lettres et de management de la culture appliquée à l’édition et puis auparavant je travaillais au musée Guimet [ndlr : Musée National des Arts Asiatiques], donc l’univers des musées aussi mais dans les services d’édition toujours.


Entretien conçu par Delphine Charpentier et Florence Lallement. Propos recueillis par Florence Lallement.
http://www.revuedada.fr/

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