mercredi 27 janvier 2010

ZOOM sur un Métier Artistique… le métier d’ILLUSTRATEUR - Rencontre avec Isabelle Charly, Illustratrice de livres jeunesse

Isabelle Charly est née à Saint-Pierre-les-Nemours. Elle a suivi l'Ecole nationale des Arts décoratifs de Paris. Elle a édité entre autres chez Gautier-Languereau. Aujourd’hui elle vit et travaille dans la Drôme.


Qu’est-ce qui vous a donné l’envie d’illustrer des livres d’enfants ? Vous avez fait vos études aux Arts Décoratifs?

Isabelle Charly :
J’ai fait les arts déco. En fait je me prédestinais plutôt à faire du graphisme. Et puis j’ai découvert la section illustration jeunesse et je trouvais que c’était un bon compromis entre le graphisme et l’art en général. On pouvait encore travailler en traditionnel (c’était le début du travail en informatique en graphisme) en illustration ça pouvait rester traditionnel et en tous cas je trouvais que c’était plus facile d’exprimer sa personnalité grâce à l’illustration. [… ] Je trouvais que l’univers était plus rigolo, plus large, plus libre.


Vous êtes passé directement des arts déco à illustrer des livres pour enfants ?

IC :
Oui. Dans mon jury, il y avait une directrice artistique et du coup ils m’ont proposé de faires des essais tout de suite pour la maison dans laquelle elle travaillait. J’ai eu de la chance. [… ] On a commencé par faire des livres de poésie. Ce n’est pas ce que je rêvais de faire mais voilà c’était en tous cas du travail au sein d’une maison d’édition. […] Avec eux j’ai essayé de réaliser un album par an, on est resté un peu lié.


Vous travaillez donc pour différents écrivains ?

IC :
Je travaille pour différents auteurs et pour différentes maisons d’éditions. En fait on [ndlr : illustrateur] est pas vraiment lié à une maison d’édition sauf moralement, avec des accords tacites. […] Les auteurs sont liés plus ou moins à leurs maisons d’éditions – en tous cas ils sont obligés de proposer des textes à leur maison d’édition avant d’aller voir ailleurs. Nous on peut se balader où on veut.
Jusqu’à présent ce sont les maisons d’édition qui nous proposaient des textes. Alors, après j’acceptais ou pas. C’était à moi de dire si j’avais envie de travailler dessus ou pas. […]
Maintenant, je vais travailler les projets en amont. Là, je travaille avec une auteure jeunesse que je connais, c’est une amie. J’ai commencé à faire des images, à partir de mes images elle a fait un texte et puis du coup j’ai poursuivi les images et on va proposer le projet aux maisons d’édition. Je ne vais pas attendre qu’on m’appelle. Je fais mes propres projets. C’est mieux comme ça en fait.


Alistair le Crocodile, c’est l’un de vos premiers livres ?

IC :
Juste après avoir fait les livres de poésie, j’ai travaillé sur Alistair
C’était ma première fiction. Voilà c’était chez Gautier-Languereau [ndlr : maison d’édition] et c’était mon premier livre qui raconte une histoire et puis après il y en a eu deux autres.

Le Pari D’Alistair (2001) et La Croisière D’Alistair (2002)




Quel rapport avez vous avec les enfants ? Avez-vous un rapport direct avec vos lecteurs?

IC :
Finalement on travaille les albums chez nous de notre côté sans forcément se dire c’est absolument pour les enfants. Bien sûr on a des frontières qu’on ne dépasse pas. C’est latent l’idée que c’est pour les enfants. C’est une écriture qu’on essaie d’avoir pour les enfants. Donc là on a pas du tout de rapport avec les enfants mais ensuite pour faire vivre les livres et bien souvent on fait des salons.
Souvent on rencontre les enfants par l’intermédiaire des salons et les salons organisent aussi des rencontres avec les scolaires. Et puis moi c’est pareil, je réalise des projets avec des classes.
Par exemple, dans l’école de mon village, on a réalisé un petit livre ensemble. J’ai travaillé l’illustration avec la classe des grands et puis après ils ont écrit leurs textes et on a imprimé un petit livre.


Est-ce que c’est parce que vous êtes resté un peu une enfant que vous faites des livres pour enfants ?

IC :
[…] Comment dire… Je me considère pas comme une enfant mais peut être j’ai l’esprit un peu jeune. Oui, il y a sans doute une certaine naïveté dans les livres jeunesse mais après ce n’est pas pour autant que je ne me sens pas adulte. […] En tout cas, j’aime bien cet univers là parce qu’il y a pas mal d’innocence et finalement au travers de l’innocence on peut faire passer pas mal de choses, l’air de rien…


Quand vous étiez enfant, quels livres vous ont marqué ?

IC :
[…] Mes parents nous racontaient des histoires mais on n’avait pas forcément des livres avec des images. C’était des histoires, des compilations avec des histoires longues. Donc à chaque fois, ils nous racontaient des extraits. Chaque soir c’était un bout d’histoire.
Mon gros souvenir d’album pour enfants : mon oncle m’avait offert un livre sur les sorcières… J’avais hyper peur de ce livre et je ne l’ai jamais ouvert. Mes frères faisaient exprès de me l’ouvrir sous le nez pour me faire peur…


Le livre préféré que vous avez illustré, celui que vous conseillerai ?

IC :
Il y en a un que j’aime bien. Il s’appelle « Milos y a un os ». C’est un texte de Véronique Massenot. C’est l’histoire d’un squelette dans un hôtel bien sous tous rapports. J’aime bien le message du livre. C’est un livre sur la tolérance, finalement, comment accepter la différence. Ce n’est pas du tout moralisateur. C’est une histoire écrite en prose, c’est simple et ça veut dire plein de choses.


Et puis les albums à venir seront bien ! Quand je disais que je ne choisissait pas mes textes jusqu’à présent… voilà il y a des textes que j’ai accepté d’illustrer qui ne m’emballaient pas forcément. Alors que Milos je suis contente de l’avoir illustré. […] Et Alistair - je suis toujours attachée aux Alistairs.

Est-ce que vous dessins ont un rapport avec ce que vous aimez faire dans votre vie ?

IC :
Pour l’instant non… Maintenant que je vais faire des projets en amont je vais sans doute plus dessiner ce qui est en rapport avec mon quotidien, ma vie, comme vous dites. Jusqu’à présent c’était des commandes. Je n’aurai pas forcément eu l’idée, par exemple, de créer Milos.



Propos recueillis par Charlotte Grimandi et retranscris par Florence Lallement

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